Dans le passé , la ville de Dimbokro rayonnait de toute sa splendeur. La région était considerée comme la boucle du cacao. Le fer de lance du Nzi Comoé. Nous étions dans le miracle ivoirien et tout marchait à merveille. Une belle époque des années 70 et 80 où la terre était encore fertile …où Il y avait de l’argent, puisque la plupart des habitants vivaient des ceuillettes des deux mamelles qui constituent la principale source de revenue de ce pays (le cacao et le café), Dimbokro était alors l’une des plaques tournantes de la Côte d’Ivoire. Une ville stratégique. En ce moment-là, il y avait le rêve, il y avait tout ce que l’on pouvait avoir presqu’à portée de main. Il y avait la vie . Il y avait aussi, ces beaux sites qui ont fait la renommée de cette ville historique et hautement symbolique dans la lutte contre l’oppression coloniale, des quartiers comme le commerce, le site de la gare RAN, les quartiers Japonais et Résidentiel, le quartier Dioulakro avec ses célèbres bars ghanéens, là où les gens branchés de l’époque aimaient donner libre cours à leurs envies, le Lycée moderne de Dimbokro, l’Utexi…Puis du jour au lendemain, le rêve a disparu, comme un château de cartes.
Le sol n’étant plus trop fertile pour la culture du cacao et du café, une autre ville s’est appropriée le nom de la boucle du cacao, comme cela fait depuis des décennies. Ainsi l’on a asssité à la lente agonie puis presqu’à la mort clinique de la ville de Dimbokro. Et jusqu’aux les années 80 et au début des années 2000, il ne restait que l’usine Utexi qui fonctionnait encore, la seule usine qui donnait de l’espoir aux habitants. Mais depuis une dizaine d’années, cette usine qui employait des milliers de personnes a fermé ses portes. Et depuis lors, il n’y a plus une âme pour faire redémarrer l’Utexi.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que tout est mort dans cette ville. Il n’y a aucune action de développement. Rien qui puisse concourir à l’émergence de la région et des jeunes. De nombruses maisons sont délabrées, une ville où tout semble avoir vieilli, il n’existe presque plus d’entreprises pour embaucher des jeunes. Seule la politique semble être la seule mamelle nourricière de la capitale du Nzi Comoé, car chaque élu semble prêcher pour sa propre chapelle. Et quand arrive le moment des joutes élctorales, c’est la chasse aux jeunes à qui on distribue des billets de banque. Comment comprendre que dans cette ville, il n’y a pas une seule usine qui soit ouverte pour embaucher des jeunes ? Ah, on oubliait presque.
En 2017, les hommes politiques de la région, cadres et élus se sont réjouis de ce que Dimbokro ait été désignée commune la plus propre de Côte d’Ivoire, raflant ainsi le Prix d’Excellence dans ce domaine. Une maigre consolation. Il faut comprendre qu’aujourdhui, Dimbokro a le plus besoin d’agents de développement que d’hommes politiques à la tête des differentes institutions.
Heureusement que le festival Orad est arrivé pour redonner de l’espoir à cette ville
Mais heureusement que dans ce trou noir, il y a un éclairci. Si les politiques de tous bords ont échoué à faire développer la capitale du Nzi Comoé, la jeunesse, elle, refuse maintenant de se laisser conter.Elle veut prendre part aux pouvoirs de décision, contribuer à l’émergence de la ville de Dimbokro. Rester auprès des politiques, les amener à changer de vision. Et depuis un an, un festival a vu le jour à Dimbokro. C’est le festival Orad (On retourne à Dimbokro) qui en est à sa 2e édition ; qui s’est tenue du 29 au 30 juillet dernier à l’esplanade de la Ran. Mais avant la tenue de cette grande messe, les jeunes de Dimbokro ont posé des actions sociales de hautes portées. Curage des caniveaux, entretient de la ville, dons aux orphelinats, tournoi de football. Les 29 et 30 juillet, c’était deux jours d’effervescence et de folie avec à la clé des prestations d’artistes . Sur le podium, les festivaliers, qui ont convergé par millier à Dimbokro, ont eu le plaisir de voir évoluer sur scène Samy Succès, Yabongo Lova, Lunik Kélépé, JC Pluriel, 100 Façon, Zosky, Sassuké et bien d’autres artistes.
Cette année, Le parrain du festival est Dramane Coulibaly, directeur général de la Lonaci et 2e adjoint au maire de Dimbokro. Le parrain a fait un don , à travers la fondation Lonaci, d’un chèque de 40 millions 500 000 mille FCFA qui servira à la reconstruction de la maternité de la PMI au quartier Comikro. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’aujourd’hui, les jeunes de la capitale du Nzi Comoé se sont fixés pour ambition de construire le futur à Dimbokro. Et ils sont à féliciter.
JFK