Sorti de l’Université avec un Master en chimie, je traverse une longue période de chômage. Je postule dans plusieurs sociétés sans qu’hélas, aucune d’entre d’elles ne me rappelle pour me donner du boulot. Entre temps, je fais des petits djôssis pour pouvoir me gérer au quotidien. Dans mes djaboudjabous, je rencontre Nelly, une jeune fille de Yopougon de qui je tombe fan. Je la kpokpo, et ça djô, c’est clair, elle est bôrô. Mais on ne s’est même pas encore mis bien ensemble que ce sont des demandes d’aide à n’en point finir. Un deux trois, Nelly veut Orange money, quatre cinq six, c’est son téléphone qui est gâté et que je dois renouveler, sept huit neuf, c’est son anniversaire dont je dois être le parrain… Djo !

Nelly a fini mes petits jetons de djôssi. Nous sommes restés en couple pendant deux mois, et nous sommes séparés, dans le silence, sans bruit. Il y a des séparations comme ça. La go sent que tu es devenu froid, bobo, donc elle prend progressivement ses distances et un jour, c’est le statu quo, vous arrêtez de communiquer, sonnant ainsi le glas de votre relation.

Après Nelly, je rencontre Annie, une jolie petite de Marcory. Je la drague lundi, et le mardi, elle m’envoie une longue lettre dans laquelle elle me demande de lui acheter le dernier IPhone dont elle rêve. Comme je suis fan, je me débrouille pour lui acheter un Itel Android, lui expliquant que c’est là-bas ma main arrive : elle réceptionne le cadeau et me bloque sur WhastApp et tous les autres supports de communication ! Maudia !

La femme étant un mal nécessaire, je ne peux m’empêcher d’aller à la chasse. Toujours dans mes valvals, je croise Samira, une fille de Cocody. On commence à lover bien propre, et au bout de deux semaines, elle me demande de lui offrir un salon de coiffure. Elle m’a fait regretter la varan de Nelly, wallaye. Comment m’a-t-elle vu ? Cocody dèh ! En fait, je suis tellement clean dans mon style vestimentaire et ma manière de m’exprimer qu’on a l’impression que j’ai l’argent. Pourtant, fohi ! Samira m’a plaqué après l’avoir compris. Je garde en souvenir notre mougouli à l’hôtel LCB de Angré-Château. Ouais, la petite, elle sait se cambrer, paati. Chapeau !

Mes randonnées amoureuses m’ont laissé une mauvaise image de la femme africaine, de la femme ivoirienne en particulier, véritable sac à problèmes ! Puis, sur un site de rencontre virtuelle, je fais la connaissance de Marie-Rose N’goran, une jeune expatriée qui vit en France depuis l’âge de 10 ans. À travers elle, je découvre une autre manière de communiquer, une tout autre manière de concevoir la vie… Nous lovons à distance, parlons projet. Elle me parle d’elle, je lui parle de moi. Et voyant que j’ai conceptualisé une solution aqueuse que je n’ai jamais pu rentabiliser, elle me propose de s’associer à moi pour concevoir mon produit et le commercialiser dans les supermarchés. Au début, je trouve cela gênant, mais elle me convainc que ce n’est rien qu’une affaire dans laquelle nous sortirons gagnant elle et moi. Elle apporte sa contribution, je me mets au travail, et au bout d’un trimestre, mon produit est dans toutes les grandes surfaces libres-services ! La galère est loin derrière moi !

J’ai fait établir mon passeport, et ce 1er Juillet 2022, je suis dans l’avion pour la première fois de ma vie. Dans quelques heures je verrai enfin physiquement ma Marie-Rose N’goran que j’aime tant. J’ai voyagé avec une valise assez légère. Quelques vêtements. Une dizaine de bouteilles d’atoté : oui, Marie-Rose le mérite !

Louis-César BANCÉ