Les années qui s’enchaînent rendent la vie de plus en plus chère. Avant-avant, avec 500 francs CFA seulement, les femmes faisaient le marché en faisant déborder leurs paniers. Les familles pouvaient s’offrir le confort d’une maison quatre pièces en payant mensuellement 15.000 francs CFA seulement. Les grands-frères du quartier allaient à l’hôtel avec leurs petites gos en déboursant juste 1000 francs pour une belle chambre. Parfois même, la ca…pote leur était offerte dans cette modique tarification. En tout cas, la vie était facile, et avec seulement alloko 5 francs, on était rassasiés.

Mais aujourd’hui !

Les femmes se plaignent de ce qu’un gros billet de 10.000 francs est insuffisant pour faire un marché de qualité. Elles imposent même à leurs hommes de leur donner un budget pour le mois, afin qu’elles puissent tirer des avantages des achats en gros, sans quoi il leur serait difficile de concocter quelque chose de passable. Aujourd’hui, le loyer coûte l’orbite des yeux : on trouve de simples studios à 150.000 francs CFA. Ils ont ajouté  »américain » sur la désignation de ces petites pièces pour détourner l’attention des locataires. Le loyer des studios américains, ça pouvait construire château, hier ! Oh oui, les temps sont devenus durs. Ceux qui construisent des maisons les font petites comme des prisons en imposant des cautions faramineuses. On a des trois pièces à 200.000 francs. Scandaleux ! Même les chambres d’hôtel sont devenus inaccessibles. Il y est proposé des passes à 15.000 francs. Quinze fois plus que ce que ça coûtait hier ! À cause de cela, à l’heure de pause dans les administrations publiques comme privées, les collègues de travail s’enferment dans les bureaux pour se mougou ! Et dire qu’il y en a qui sont mariés parmi eux !

Originaire du pays Agni, Basile Assemian est un ivoirien qui en sait quelque chose sur la cherté de la vie. Il ne cesse pas de s’en plaindre, trouvant que c’est exagéré parce que même la mort coûte chère. Lorsqu’il perdit certains de ses parents, il dépensa une fortune de l’étape des obsèques à l’enterrement. La simple location de la salle à IVOSEP* pour les cérémonies funèbres, a coûté beaucoup d’argent… Au cours du mois de décembre, Basile Assemian est retrouvé mort à son domicile; une bouteille de détergent à moitié consommé, des restes de comprimés et une lettre traînant près de son corps. Désemparée, la veuve fait une lecture de la note par laquelle elle tient la raison du suicide de son homme. Ce dernier y explique comment la cherté de la vie l’accablait avant de terminer son message par ces mots : « Au moins, je m’en vais pour qu’on puisse profiter des offres promotionnelles d’IVOSEP. Je suis tombé sur son affiche où il est question de réduction des tarifs de leurs salles de cérémonies. Il faut bien qu’on puisse en profiter ! Prends soin de nos enfants. Je t’embrasse, mon Amour…😘🥺»

Louis-César BANCÉ