À la base, l’une des clauses du contrat entre Bonigo et Shama Prod, c’était que la maison de production offre une voiture à Bonigo, dans le cadre de ses déplacements artistiques. Une fois à Abidjan et la collaboration entamée, Bonigo se rendait à la radio, à la télé, dans ses spectacles, à bord d’autres moyens de transports. Parfois, nous allions avec ma voiture, et je me faisais volontiers et passionnément son chauffeur. Son producteur Serey Dié avait des langages très irrespectueux à l’endroit de notre artiste. Je vais vous en épargner une panoplie pour ne mentionner qu’une de ses menaces favorites :

« Si tu as répété ça encore je vais te faire retourner du village où je t’ai enlevé, tu vas partir dans ta brousse là-bas ! »

À tout bout de champ, c’était cette menace que Serey Dié lançait à Bonigo, comme si cette icône nationale était son enfant, son jouet. C’est à l’auteur d’Esmel qu’on parle comme ça ? Quelle outrecuidance !

-Boss, tu m’avais promis une voiture, non ? Pour l’image de l’artiste que je suis, ça ne serait pas mal, hein. Juste te le rappeler.😊

-Toi tu te prends pour qui ? Est-ce que tu es Président de la République ? Genre on doit te donner cortège, quoi ? Faut répéter encore je vais te vider de ma maison tu vas te retourner dans la brousse où je t’ai enlevé là, c’est ça tu vas comprendre !

Attention. Bonigo n’a pas quitté Shama Prod à cause d’une voiture, bien que cela était l’une des prérogatives du contrat. Loin s’en faut, cette idée de lui de s’attacher à un bien matériel fut-il dans le cadre de son travail artistique. Il est parti de Shama Prod pour les menaces à n’en point finir, les chantages et les tons irrespectueux du Boss. Au sortir d’une émission de Peopl Émik à laquelle il avait participé avec Tino par exemple, il a été confronté à la colère de Dieu. Pardon, de Dié :

« Qui t’a demandé d’aller à l’émission ?… Je vais te faire retourner dans ta brousse là-bas tu vas voir ! »

Il y a quelques jours, je publiais un papier sur la situation d’une jeune ivoirienne victime de maltraitance au sein d’une société libanaise. Beaucoup d’internautes ont félicité le courage de cette jeune fille qui a préféré la démission à la soumission dans l’irrespect et l’exploitation. On ne devrait pas faire du deux poids deux mesures. Même au sein de nos entreprises ivoiriennes, il y a des employeurs qui trouvent du plaisir à rabaisser leurs employés à travers des propos in…jurieux, dégradants. Certains travailleurs, victimes de brimades morales, choisissent de partir, préférant le chômage dans la dignité au salaire dans les tor…tures. Hélas ! Même le milieu du showbiz n’est pas épargné.

Dans une pièce de théâtre, il y a ce que les acteurs montrent au public sur scène, et il y a ce que ce public ne peut voir, et qui se passe derrière les rideaux.

Louis-César BANCÉ