Petit écolier à Gagnoa, Gohou Michel a une malformation physique dont ses camarades de l’école se servent pour se moquer de lui. Les enfants, ils sont innocemment cruels, parfois ! Le petit Gohou en sait quelque chose, lui qui ne cesse d’être sujet de railleries et qui décide de se mettre à l’écart de tout le monde, de se retrancher dans la solitude et la timidité. Son maître, monsieur Victor Yobo, très observateur, l’approche, et lui donne des conseils paternels :
-Le handicap, c’est ce que les gens voient quand tu leur donnes de s’y attarder. Montre-leur autre chose, et tu forceras l’admiration ! Je te propose d’intégrer la troupe théâtrale de l’école. Je vois en toi des talents cachés, qui t’aideront à éclore…
Suivant les suggestions de son maître, Gohou rejoint le club de théâtre et y fait sensation lors de ses prestations. Il séduit par son naturel, n’attire désormais l’attention que sur ses qualités. Cependant, son handicap, une bosse têtue, le martyrise, gagnant du volume en le clouant finalement de paralysie. Gohou se voit contraint de suspendre les études pour rechercher un remède. Avec ses parents, ils font le tour du pays, sans trouver de solution. Ayant entendu parler d’un puissant guérisseur au Burkina Faso, ils décident de s’y rendre, obtenant heureusement auprès de ce meige, la mobilité du malade. De retour à Gagnoa, face à un manque de moyens, le petit Gohou est contraint d’arrêter les études, travaillant dans les plantations de café cacao. Il devient autodidacte et fait du théâtre au sein de la troupe « Le fromager de Gagnoa ». Son rêve est de devenir un célèbre comédien. Un jour, une voix intérieure lui parle : « Michel, fais ton baluchon et va à Abidjan, dans la capitale. Tu y trouveras de meilleures débouchés pour le théâtre. N’aie pas peur, fonce ! »
Gohou Michel a 22 ans lorsqu’il quitte Gagnoa pour s’aventurer à Abidjan. Pour se prendre en main, il fait des petits djôssis de blanchisserie, de commerce… Il devient un touche-à-tout. Simultanément, il fait ses expériences dans plusieurs troupes théâtrales jusqu’à ce qu’en 1993, il rencontre le mécène Daniel Cucax, grand producteur de film, qui lui offre de devenir l’acteur principal de »Les Guignols d’Abidjan », une série au succès tonitruant. À partir de là, la légende Gohou est né. Porté dans le cœur des Ivoiriens et des Africains, la reconnaissance de son talent s’étend sur le reste du monde lorsqu’il s’illustre brillamment à travers d’autres productions. Gohou tourne des clips avec des sommités mondiales du showbiz et n’arrête plus d’embellir la trame de sa vie jusqu’à Gondwana ! Le petit garçon d’autrefois dont on se moquait est devenu l’une des personnalités les plus influentes d’Afrique ! De Gagnoa à Gondwana, que de marches ascensionnelles réalisées !
Parfois, au fond de nous, une voix nous parle. Elle nous dit qu’il nous faut démissionner d’une entreprise toxique pour pouvoir trouver le bonheur. Elle nous murmure qu’il nous faut retourner à l’école parce qu’il n’est jamais trop tard. Elle nous chuchote que nous ne sommes pas en couple avec la bonne personne et qu’il nous faut nous en libérer. Elle nous dit qu’il nous faut faire notre valise et partir, vers d’autres horizons… Combien sommes-nous à écouter notre voix intérieure, quand elle nous indique la voie qui sera la meilleure pour nous ? Gohou a écouté la sienne, qui l’a conduit vers son graal. Nous avons tous les pouvoirs en nous pour nous offrir les étoiles du ciel. Nous refusons juste de nous octroyer ce bâton qui nous permettrait de les gauler. Ce bâton, c’est cette voix divine, qui nous parle quelques fois en nous invitant courageusement aux prises d’initiatives. Cette voix peut semer en nous des frayeurs, parce qu’elle nous invite à la rupture, au risque… mais quand nous lui obéissons, elle nous conduit de notre Gagnoa à un Gondwana, nous faisant assurément connaître notre pleine plénitude !
Louis-César BANCÉ