Avant, en Côte d’Ivoire, les boutiquiers étaient tous de nationalité mauritanienne ou originaires d’autres pays étrangers tels que le Niger ou la Guinée…

Aujourd’hui, les temps ont changé. De même qu’on verra des vendeurs de garba nommés Kouamé ou Zamblé, il n’est pas rare de tomber sur des boutiquiers qui s’appellent Kouakou ou Guébo. Haha. Les ivoiriens ont compris que ce n’est pas seulement dans les bureaux climatisés que se trouve le blé. Chez moi à Yopougon, le boutiquier de mon petit quartier s’appelle Sery. Sery, très gentil. Sa particularité est qu’il fait crédit, et tu peux payer le jour que tu as l’argent. Souvent quand on est piqué, Sery nous soutra avec « bordoro ». Voici où l’ivoirien a innové dans affaire de boutique-là.

Dans mon quartier à moi, Sery a radicalement changé depuis ce début du mois d’Octobre. Beaucoup de clients se sont amenés à lui en demandant à prendre crédit, comme d’habitude. Mine serrée, Sery les a tous renvoyés en ces mots :

Crédit est fini à partir du 1er Octobre. Maintenant, c’est cash ! Nous sommes dans le dernier virage. Faut pas il va avoir gbangban en période électorale et puis vous allez fuir vers vos villages. J’ai connu ça en 2010, et personne ne m’a plus remboursé. D’autres sont morts avec mon argent. On pourra recommencer crédit, seulement après les élections…

Louis-César BANCÉ