Les leaders politiques ivoiriens semblent se familiariser de plus en plus avec le langage de rue ivoirien qu’on appelle aussi nouchi. Comme si leurs services de communication leur avait conseillé de s’exprimer souvent ainsi pour gagner l’estime d’une population qui se plaît dans les ivoirismes.
L’expression nouchi était la marque de fabrique du président Laurent Gbagbo. Quand il sortait un mot du ghetto lors de ses discours, le public était en extase.
L’homme politique qui a très peu habitué ses compatriotes à l’emploi des ivoirismes, est le président Alassane Ouattara, enclin à une communication sollenelle et académique. Les rares fois qu’il a improvisé du nouchi dans ses discours, ça a fait vraiment tâche d’huile comme ce jour où il a déclaré devant une foule exaltée : « je suis enjaillé ! » Les gens ont été vraiment enjaillés de l’entendre s’exprimer ainsi. Ça paraissait incroyable.
À la faveur du meeting de l’opposition qui se tint ce samedi 10 octobre au stade Félix Houphouët-Boigny, le président du PDCI, Henri Konan Bédié, lors d’un discours, avait invité ses sympathisants de la sorte : « mon gbonhi, rendez-vous au Félicia, pour dire non au troisième mandat d’Alassane Ouattara. »
Le mot gbonhi prononcé par Bédié a arraché l’hilarité des internautes. Le gbonhi qu’il a invité a par ailleurs répondu présent au stade, massivement. Pascal Affi N’guessan, président du FPI, a pris la parole lors de ce rendez-vous en ayant lui aussi recours au nouchi : « ils disent que c’est bouclé c’est géré c’est calé. Mais ils oublient qu’en Côte d’Ivoire nous sommes dans le pays du coupé décalé. Alors là où c’est bouclé, nous allons couper. Et là où c’est calé, nous allons décaler ! »
Et la foule de crier de joie, pendant ce moment historique où Affi, un homme politique a réussi à fusionner politique et coupé décalé. Peut-être bien qu’il aura un prix au prochain PRIMUD.
Louis-César BANCÉ