Cher frère, cher ami, cher confident, cher collègue, cher complice, ainsi donc je me retrouve à parler de toi au passé, du moins à admettre de parler de toi au passé. Jusque-là, je suis dans le déni, je refuse d’accepter ton décès brusque et inattendu. non, je le refuse. Vois-tu, je m’échine à coordonner en tant que PCo la cérémonie hommage, du vendredi 8 juillet prochain, lors de ta veillée funèbre qui aura lieu à Port-Bouët par contrainte, par devoir, parce que ton frère Bakou Bibia me l’a demandé, sous l’œil approbateur de ton jumeau ange ignace adjé. Pas par gaieté de cœur. J’ai si mal, ahhh frère, tu as osé me faire ça ? dans la fleur de l’âge en plus ? donc tout ça pour ça ? nous avons traversé le temps, les épreuves, vécu de bons moments et tout, pour que tu viennes me planter un si bon matin du 8 juin 2022 à 5h30 du matin ! non, ce n’est pas ce qu’on s’était dit, non ! il était convenu que nous vivrions longtemps pour continuer à nous moquer des choses de la vie, des gens, de leurs manies que tu n’omettais jamais de relever afin de coller un surnom à tout le monde, tou-jours pour rire, avec ton sens de l’humour du second degré qui te caractérisait. oui, un homme plein d’humour et surtout bon, tu étais ! Les personnes à qui tu rendais service par altruisme ne se comptent pas. les personnes aujourd’hui devenues célèbres que tu as logées chez toi pendant de longues périodes sont bien là. les promoteurs de showbiz à qui tu as donné un coup de main pour booster leurs affaires sont là. Dis-moi, serge alex Bléhiri, as-tu pensé à ton père, celui que tu appelais « dad » si affectueusement ? as- tu pensé à ta mère, maman Jeannette? as-tu pensé à roxane, ta fille que tu aimais plus que tout au monde ? À Élie, ton fils neymar, qui présente le bac cette année ? Celui qui t’appelait le « dictateur » ? non, djoko, tu n’as pas sciencé en pro ! Tu nous as eus. Bien eus même ! Je repense encore à notre première rencontre en 1988 là-bas à Gagnoa, dans la cuisine de fortune de notre maison où ton père t’avait emmené nous voir. J’étais assis dans la cuisine quand ton père nous a présentés. Tout est parti de là. une complicité sans faille. après, en 1995, nous nous sommes retrouvés à Yopougon sideci lem, où nous vivions dans nos pe- tits studios rêvant de refaire le monde. insouciants et bons vivants. Tour à tour, tu proposeras tes services aux rédactions de Match Week-end, Top Visages, du nouvel horizon, etc. Puis avec Zed, Bledson, Kan souffle et les autres, nous lancerons l’aventure de Gbich! avec tout le succès qui en découlera. Tu deviendras alors incontournable dans le mi- lieu. Bien plus tard, tu lanceras Babi one avec ton ami andré Marouni. Toujours dans le souci de diversifier tes activités, tu as récemment repris une cave à Port- Bouët que tu as baptisée le « First ». oui, frère, tu étais un battant, un homme au cœur bon, qui n’avait pas la langue dans la poche. Mais qui n’était pas rancunier. Lorsque tu as commencé à sentir le mal, j’étais parti te retrouver à ton domicile. Tu étais sorti de ta cham- bre pour me dire que tu avais quelques migraines et que ça irait. n’hésitant pas là encore à m’arracher le sourire avec ton humour légendaire. hélas mon frère, deux semaines plus tard, tu partais brusque- ment pour l’autre côté, dans le silence glacial de l’éternité ! Mon frère, cette semaine est celle de la douloureuse séparation. samedi prochain, tu seras porté en terre. Ma douleur est tenace, terrible, sourde. ah, peut-on faire ça ?! sache que ce vendredi 8 juillet, tous ceux pour qui tu comptes ont décidé de t’offrir un spectacle à ta dimension en guise d’ultime hommage en cotisant. Je sais que tu seras avec nous pour essuyer nos larmes. la plupart de tes amis me disent de te dire de ne pas t’inquiéter de là où tu es, car ils seront là pour tes enfants.
Mon frère, ce n’est qu’un au-revoir…