Âgé de 54 ans, D.Gnazalé est en prison depuis le 10 février 2020, jour de son mandat de dépôt. Il est accusé d’avoir escroqué la somme de 8 millions de francs CFA chez monsieur Boni à qui il a vendu un terrain litigieux. Ce dernier a déboursé l’argent sans jamais entrer en possession de son bien. Le vendeur lui a dit qu’il était le propriétaire de la parcelle, et lui a délivré une attestation villageoise. D. Gnazalé est passé au parquet de Yopougon ce lundi 28 Décembre 2020, s’exprimant dans un français approximatif mêlé d’incohérence :
- Quel est le dernier papier qu’on délivre au client pour qu’il soit propriétaire d’un terrain ? lui a demandé le juge.
- Attestation de propriétaire, a répondu le prévenu en provoquant un sourire narquois du président.
- Non, avec l’attestation on ne peut pas vendre de terrain !
- Si, monsieur le juge.
- Ah bon ? Je comprends pourquoi vous êtes là !
Le juge explique au prévenu qu’une attestation ne pourrait constituer un document pour la vente d’un terrain. D. Gnazalé cherche encore, et balbutie :
- Ou bien, c’est AVC là ?
Le juge remue la tête. Rire dans le public surtout quand le magistrat rebondit : - Je comprends pourquoi tu veux donner AVC à tes victimes là. Mais il ne faut pas nous en donner ici hein. Le papier de propriété de terrain en Côte d’Ivoire s’appelle ACD.
Et la procureure de poursuivre :
- Eh oui, depuis 2013, le papier de propriété de terrain s’appelle ACD. L’attestation villageoise ne garantit pas qu’il n’y a pas de problème sur un terrain. Tant que le litige ne déclenche pas, les gens font ce qu’ils veulent. Les attestations villageoises sont des manières frauduleuses.
La procureure a requis 6 mois de prison pour le prévenu et 300.000 francs d’amende. Le Tribunal rendra son verdict le 11 janvier 2021. En attendant, au moins, le prévenu a appris au cours de sa comparution que ACD, ce n’est pas AVC.
Louis-César BANCÉ