Je me suis faite pas mal d’amis dans la sphère des écrivains ivoiriens, sans pour autant avoir visité la Côte d’Ivoire. Vous savez aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, on peut avoir plein de camarades virtuels à mille lieux et entretenir avec eux des rapports familiers comme si on s’était physiquement déjà rencontrés. La magie d’Internet, elle est formidable ! C’est sur cette tribune d’information et d’expression que j’ai fait la connaissance d’un auteur ivoirien. Il avait déjà sorti quelques livres dans son pays et rêvait de conquérir surtout le marché européen. Je voulais l’y aider en finançant la publication de son dernier dont il m’a vanté tant les mérites.

• Tu sais chérie, s’était-il exclamé via son clavier, je crois que je ne pourrais jamais écrire un livre aussi accompli que mon récent tapuscrit. Non seulement ma plume s’est davantage bonifiée, mais en sus, le récit est plus qu’alléchant. En voici le synopsis…

Vous l’avez peut-être deviné, mon cher auteur et moi entretenions une relation d’amour à distance. Il m’a fait parvenir tous ses bouquins en plus du dernier fœtus dont je devrais financer la naissance. Après réception du colis, je me suis mise à lire ses ouvrages par ordre chronologique. Il n’y a pas un que je pus achever. Au bout de quelques pages, je lâchais prise, en proie à de terribles céphalées. Bon sang que mon chéri était nul ! Son dernier livre était la catastrophe. Un style d’écriture tarabiscoté, des phrases entortillées dans une narration décousue. Ne me dites pas que c’est ma culture occidentale qui me rend sévère dans mon appréciation d’une plume exotique. J’en ai lues, que j’ai énormément appréciées. Aussi me refusais-je de gaspiller mes euros pour la sortie d’un livre qui n’en était pas un. Comment dire à mon amant virtuel que son tapuscrit est nul ? Je ne veux pas le vexer…

Louis-César BANCÉ