LE BEAU TRÈS TRÈS FORT ! ( Partie 3 )
J’ai parcouru plus de 400 kilomètres, partant de Katiola, au volant de ma Audi, afin de rejoindre Véronique. Je ne peux pas vous dire les vraies raisons qui m’ont poussé à voyager aussi loin, pour une fille que je connais à peine. Laissez-moi vous convaincre que c’est pour partager sa douleur, et prendre part aux obsèques de sa mère. Ou bien, vous pensez que c’est pour une pipe ? 😭
Il est 18 heures quand j’arrive à Bobo Dioulasso, la ville de deuil de ma Véronique, la fameuse gérante de l’hôtel aux chambres bizarres. Quel soulagement je ressens quand Véro vient m’accueillir à l’entrée de la cité ! Nous nous faisons les bises, et elle monte dans ma voiture :
– «Waw t’as une superbe ! s’exclame-t-elle. C’est une BM ? »
– «Merci chérie. C’est une Audi. »
– «Et tu as conduit de Katiola jusqu’ici ?»
– «De Katiola jusqu’ici, pour toi. Sinon je suis parti d’Abidjan. »
– «Je suis vraiment flattée. Merci d’être venu. Allons tout droit, et au rond point tourne à droite. »
Véronique m’a mené au sein de sa belle famille, dans un petit quartier de Bobo. Sa mère, m’a-t-elle expliqué, une ivoirienne, s’est remariée à un voltaïque après le divorce d’avec son premier mari, le père de Véro résidant actuellement à Boribana, un ghetto d’Abidjan. Malheureusement, elle a laissé l’âme en terre burkinabè, alors qu’elle y était très heureuse.
Je fais mes salutations au veuf, que Véro me présente ainsi qu’aux autres membres de la famille. Ils sont à peu près une trentaine de personnes à qui la belle gérante de l’hôtel donne une information que j’apprends en même temps que tout le monde et qui me dresse les cheveux :
– «Cher beau-père, chers beaux parents, je vous présente Luc-Cédrick Béké, mon amoureux. Il est tellement adorable ! Il est venu ici pour prendre en charge les funérailles.»
– «😱»
Je suis estomaqué tandis qu’on m’applaudit vivement. Je fais semblant d’être d’accord, mais après, c’est trop tard, je suis comme piégé et m’investis à fond, puisant jusqu’à mes dernières économies pour offrir un hommage vibrant à la mère de celle qui a une dette importante envers moi. La récompense de mon parrainage est qu’on m’attribue un pseudo : on m’appelle le beau très très fort. Les parents de Véro m’ont remercié, disant que c’est Dieu qui m’a mis sur leur route. J’y ai laissé à peu près 1 million dans cette affaire, payant même le cerceuil de ma belle-mère. 😭 Tout cela terminé, j’ai invité ma chérie dans ma petite chambre d’hôtel. Elle n’a pas voulu me satisfaire :
– «Toi aussi, mon frère ! Ma mère décède et tu oses être en érection ?»
– «Bébé Véro, c’est moi tu appelles maintenant ton frère ? 😭»
– «Désolée, c’est juste que je suis choquée par ton attitude. Respecte au moins mon affliction. Chez nous, après un décès, on observe un mois de deuil avant de reprendre la vie normalement. »
– «Fhum ! Un mois ?»
– «Oui, je n’ai pas oublié ma promesse. Je vais la tenir, mais dans un mois. »
– «Pendant ce temps, qu’est-ce que je fais ?»
– «Pendant ce temps, tu vas m’accompagner à Ouagadougou, avec ta voiture.»
– «Pour quoi y faire ?»
– «Tu comprendras une fois qu’on arrivera là-bas. Fais-moi confiance. »
J’obéis comme un mouton.
Véronique et moi sommes partis à Ouagadougou sans que je ne sache pourquoi, nom d’une pipe !
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BONJOUR OUAGA !
Louis-César BANCÉ