Jean-Yves et Marie-Audes, deux amoureux de la commune d’Abobo vivant chacun chez leurs parents, décident de conjuguer leurs efforts, afin de vivre ensemble, sous le même toit, en concubinage. Le jeune homme, âgé d’une trentaine d’années, se débrouille à la zone industrielle, où il exerce comme manœuvre. Quant à sa doubéhi, 26 ans, elle travaille comme nounou, à Abobo derrière rail, dans l’une des rares familles chocos à avoir une villa luxueuse au cœur de ce ghetto notoire d’Abidjan.
Les deux amoureux veulent habiter dans une maison dont le loyer fait 40.000 francs au plus. Jean-Yves apporte 160.000 francs, et sa chérie, 30.000 francs. Avec 190.000 francs, ils sont certains d’avoir leur contrat de bail. Ils commencent à se promener dans tout Abobo, à la recherche d’un toit. De jeunes gens appelés démarcheurs, se font volontaires, les accompagnant dans leurs courses, leur disant qu’il ne leur serait pas évident d’obtenir gain de cause sans leurs assistances. Les deux amoureux visitent des maisons, et dès qu’ils en sortent et qu’elles ne sont pas à leur convenance, les démarcheurs leur tendent la main :
- «Droit de visite, c’est 5000 francs !» Au bout de deux semaines, les tourtereaux visitent plus d’une vingtaine de maisons dont la majorité n’est pas à leur goût. Celles qui les ont intéressés sont problématiques : soit elles ne sont pas immédiatement habitables, soit les conditions d’accès sont hors de portée. Finalement, ils trouvent une maison qui leur convient. Le bailleur leur demande de verser 160.000 francs en raison de 2 mois de caution, 1 mois d’avance, 1 mois d’agence, pour un loyer mensuel de 40.000 francs.
Jean-Yves et Marie-Audes sont censés avoir cet argent. Ils se fouillent et font leur compte. Tchié, il ne leur reste plus que 20.000 francs ! Ils font un récapitulatif et se rendent compte que les démarcheurs ont tout pris lors des visites : 5000 francs à celui-là, 3000 francs à l’autre, 2000 francs encore à un autre, sur plusieurs jours jusqu’à dispatcher 170.000 francs sans s’en apercevoir !
Avec 20.000 francs, ils sont forcés de mettre leur projet en sourdine, retourner vivre en famille et bosser dur en attendant de pouvoir réunir à nouveau la somme nécessaire pour assurer leur cohabitation. Ils avaient l’argent pour leur maison, mais dommage, les démarcheurs ont tout pris ! Demain, ils sauront comment marcher… Les deux amoureux en veulent à ceux qui les ont dépouillés. Maudia !
Louis-César BANCÉ