Le prévenu risquant dix ans de prison, s’adresse au juge d’une voix nasillarde :
- «Madame la présidente, vous pouvez le vérifier auprès du procureur, ma famille a fait venir des documents qui attestent que je souffre de folie. En 2015 je me suis échappé de l’hôpital psychiatrique de Bingerville, avant d’être rattrapé pour être déporté à l’hôpital de Yamoussoukro. Je devrais être jugé sur la base de mes troubles psychologiques. Merci d’en tenir compte.»
- «Dans quel état pensiez-vous être quand vous assassiniez votre épouse après avoir découvert son infidélité ? Les documents en notre possession concernant votre état de santé attestent que vous avez retrouvé entièrement vos facultés dès l’année 2018. Vous avez épousé Carolle en 2019. Tout s’est toujours bien passé jusqu’à ce que vous appreniez votre cocufiage. Dans un état normal, la jalousie vous a poussé au meurtre. Arrêtez d’utiliser la folie comme un alibi. Vous n’en souffrez plus !»
- «Madame la présidente, si ! Quelqu’un qui a déjà été fou, même s’il guérit, n’est jamais loin de la folie. L’infidélité de ma femme a peut-être dû réactiver mes lésions mentales ? Je n’en sais rien, mais c’est aussi une possibilité à ne pas exclure.»
- «Vous nous apparaîssez beaucoup trop cohérent pour souffrir de troubles psychologiques. Nous allons vous juger en considérant que vous êtes une personne en possession de toutes ses facultés.»
Tout d’un coup, le prévenu bondit en direction de l’estrade des magistrats, saisissant la juge par le cou en voulant l’étrangler. Les policiers se précipitèrent pour le détacher de la tête frêle de la femme à la toge…
- «Vous croyez maintenant que je suis fou ? interrogea-t-il goguenard.»
La juge racla la gorge, donna un coup de marteau sur sa table. L’audience semblait commencer maintenant.
Louis-César BANCÉ
Journaliste à Gbich!