Depuis la prise du pouvoir par l’armée au Burkina Faso, les nouvelles autorités, sur un décret présidentiel n°004 du 1er février 2022, ont dissout les conseils des collectivités locales et autorisé la mise en place d’une Délégation Spéciale chargée de représenter toutes les couches sociales de la nation, les forces vives, avec notamment un Représentant de la Chambre des métiers. Cependant, la désignation du représentant de la Chambre des métiers tarde à se faire à cause de bisbilles internes auxquelles il faudrait rapidement trouver une issue.
Au récent scrutin du 30 Mai 2021 de la Chambre des métiers de l’artisanat du Burkina, la région du Centre-Est s’en est sorti avec cinq élus consulaires dont un élu masculin dans la commune de Tenkodogo, une dame dans la commune de Ouargaye, trois élus dans la commune de Koupéla composée de deux dames et un homme.
Koupéla étant la commune ayant le plus d’élus, c’est à elle que devrait revenir le poste de la Présidence de la Chambre du métier régional. Naturellement, étant majoritaires, les femmes ont souhaité voir l’une d’entre elles occuper le poste de président régional, tandis que l’homme a émis une opposition farouche, affirmant qu’il tient absolument à être plébiscité. Conséquences de leur mésentente, le fauteuil de la présidence de la Chambre du métier régional leur a échappé en faveur de la commune de l’unique élu de la commune de Tenkodogo en la personne de monsieur Dermé Ousmane. Et comme si cela ne suffisait pas, nos trois élus de Koupéla sont toujours à couteaux tirés en ce qui concerne le poste de représentant de la chambre de métier à la Délégation Spéciale.
Afin de mettre un terme à tant de contorsion, monsieur Dermé Ousmane, Président régional de Tenkodogo, par imprudence, a voulu nommer un autre artisan, neutre, au poste qui suscite tant de querelles. Erreur, car n’étant pas un artisan encore moins un élu de la province, il ne peut pas imposer un droit de Véto pour ce poste. Les trois belligérants s’y sont opposés.
Les deux élues dames de Koupéla dont Nadine Belemsobgo et Ouédraogo Rasmata, ont trouvé un consensus, permettant que Ouédraogo Rasmata passe à l’élection. Malgré ce consensus, le seul élu, Balma Souleymane veut imposer son égo de masculinité et refuse le choix féminin malgré qu’il soit seul contre deux.
Dans le palier hiérarchique de la chambre des métiers, l’élue Nadine Belemsobgo est membre du bureau exécutif national, et l’autre, Ouédraogo Rasmata, est vice-présidente régional de la chambre des métiers du Centre-Est. L’élu contestaire Balma Souleymane ne figure dans aucune des instances citées. Logiquement, comme on le dit, étant donné que la fonction est au dessus du grade, il ne devrait pas avoir de difficultés quant au choix du Représentant de la chambre des métiers pour la Délégation Spéciale car chacun doit connaitre sa place. L’élu Balma Souleymane, un contre deux, en plus sans être du bureau exécutif national ni de celui régional, se base-t-il sur son statut d’homme a priori supérieur à la femme, ou a-t-il la complicité tacite des autorités et des politiciens de la province tapis dans l’ombre ?
Vu la complexité de ce choix de Représentant, il leur a été demandé de procéder à une élection, afin de pouvoir se départager à travers le suffrage direct des Artisans. Ces derniers, venus nombreux le jour du vote, malheureusement les autorités ont constaté l’absence volontaire de l’élu Balma Souleymane sans doute informé de ce que les votants sont en majorité favorables à la désignation d’une femme. Par deux fois, la date de l’élection a été reportée sous la léthargie inquiétante du préfet qui semble avoir pris partie. Autorité de son état, tolérer deux reports d’élection programmés sans faire valoir le droit laisse entrevoir une anguille sous roche.
Quand deux camps d’élus sont en discorde pour un fauteuil, la meilleure option n’est-elle pas la voie de l’urne des Artisans pour lesquels ils sont les représentants ? Il est temps que les autorités se penchent sur le cas Koupéla.
Il est temps que madame le Haut Commissaire, les mouvements de droit de l’Homme de Koupéla ainsi que tous les citoyens épris de justice, donnent de la voix pour barrer cette forfaiture qui fait reculer la démocratie burkinabè et qui viole l’article 1 de la constitution burkinabè qui stipule que tous les burkinabé naissent libres et égaux en droit.
LCB