Les gens passent parfois à côté des opportunités, par leurs propres fautes. Je vous raconte une anecdote.
Il y a un PDG de moult entreprises en Côte d’Ivoire, qui avait besoin d’un correcteur, pour le dernier toilettage de son livre de développement personnel. Son budget pour le travail était de 150.000 francs, bien qu’il n’y avait plus grand chose à faire, le livre ayant été plusieurs fois épuré. Il avait juste besoin d’une dernière lecture de vérification, en quelque sorte. Il m’a contacté pour que je lui propose celui ou celle qui pourrait faire son affaire. J’ai joint l’une de mes fans sur facebook, qui est juriste de profession et qui s’essaie à avoir l’œil dans le compas de son stylo rouge. Je l’ai mise en relation avec l’auteur PDG. Ce dernier lui a envoyé un message via WhatsApp, pour lui parler de son projet. Ils ont échangé, et il a proposé à la Juriste de venir à son bureau, à Angré, pour une rencontre physique, afin de finaliser le deal. En réalité, il avait l’intention de remettre en même temps l’argent à celle qui ferait la prestation. Mais sans qu’il ne pût comprendre quelque chose dans l’attitude de la Juriste, elle lui a répondu sur un ton vraiment très incompréhensif : « Et pourquoi devrais-je venir à votre bureau ? C’est à vous de vous déplacer, car c’est vous qui avez besoin de moi. On pourrait se rencontrer dans un café, par exemple, mais pas à votre bureau ! »
Le PDG m’a téléphoné en me demandant quel genre de relation j’entretenais avec celle que je lui avais proposé. Je lui ai dit qu’elle et moi ne nous étions jamais vus mais avions un rapport sympathique à travers le meta. Quand il m’a envoyé les captures de ses échanges avec la Juriste, je suis tombé des nues. J’ai trouvé qu’elle était très imbue de sa personne. En lui téléphonant pour en savoir sur ses motivations, elle est restée arrogante en me répondant sèchement : « C’est lui qui a besoin de moi, je ne vois donc pas pourquoi je devrais me rendre dans son bureau. Quand on a besoin du bus on se rend à l’arrêt. On pourrait se rencontrer quelque part… »
La Juriste dont je vous parle, n’a pas de bureau, et vit encore en famille. Elle est sans-emploi. Parfois elle fait des commentaires sur Facebook pour expliquer ses problèmes d’argent. Il lui arrive d’être sous les posts de Hayek Hassan et autres donateurs de la toile, leur écrivant qu’elle aimerait bien avoir d’eux un dépôt salvateur de 10.000 francs, ou 5000 francs. Personnellement, je lui ai déjà fait plusieurs transferts pour la dépanner d’une situation. Un soir elle avait besoin de 20.000 francs pour des frais de dossier à l’Université. Quand elle m’a sollicité, je lui ai expédiée l’argent séance tenante. J’ai cru bien faire de la mettre sur un gombo où elle pourrait avoir une enveloppe pour se gérer. En découvrant qui elle était réellement, un cerveau avec de l’eau dedans, je l’ai retirée tranquillement de ma liste d’amis.
J’ai trouvé un autre correcteur pour le chef d’entreprises, et tout s’est finalement bien passé. Il pouvait se déplacer, ça ne coûtait rien, mais en discutant, nous sommes convenus que le ton employé par la Juriste n’en valait plus la peine.
Le PDG en question, est celui-là-même qui m’a envoyé récemment en mission dans plusieurs capitales africaines. Ça m’aurait fait plaisir qu’à travers lui, ma Juriste sans-emploi ait pu obtenir des opportunités pour s’insérer dans le tissu professionnel, surtout que ce n’est pas ce qui manque dans ses entreprises.
La leçon qu’il faut tirer de cette anecdote est une invitation à l’humilité, à la courtoisie, surtout lorsqu’on n’est encore rien et qu’on fait la manche sans s’en cacher, sans en avoir honte…
Louis-César BANCÉ