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Coup de foudre à la gare !

Coup de foudre à la gare !

À Abidjan où je vis, on m’avait diagnostiqué un problème de santé. Aucun médecin n’est parvenu à soigner l’orchite dont je souffrais. Selon des murmures, mon mal se trouvait au niveau mystique. Certaines personnes voulaient me nuire, par pure méchanceté. Sur les conseils d’un ami, je suis allé au Niger, où, m’a-t-il dit, il y a un puissant guérisseur capable de transcender les limites de la médecine moderne. Effectivement, j’y ai retrouvé la guérison au bout de deux semaines de traitement. En allant à la gare en vue de prendre mon car pour rejoindre la Côte d’Ivoire, mon pays d’origine, mon regard est tombé sur la silhouette d’une jeune fille. Elle achetait son billet de même que moi. Nos guichets étaient voisins. Je n’avais jamais vu une créature aussi belle. Je restai immobilisé à la contempler en me surprenant à braver ma légendaire timidité :

-Bonjour madame, ou mademoiselle ? Vous êtes très belle !

-Merci, c’est gentil, me répondit-elle avec un sourire. C’est mademoiselle.

-Mademoiselle ?

-Mademoiselle Ahouéfa.

-J’aime les prénoms africains. C’est très original ! Et vous prenez un billet pour quelle destination ?

-Je pars au Bénin, à Cotonou. Et vous ?

-En Côte d’Ivoire.

-Dommage que je vous rencontre maintenant. Je vous aurais invitée à prendre un pot.

-Eh oui, dommage !

Des gens venus également acheter leurs tickets, se mirent à gronder en même temps que les dames des guichets : « Mettez-vous à côté pour vous parler et faites de la place ! »

Mon ticket destination Abidjan entre les doigts, je suivis Ahouéfa qui se dirigeait vers la salle d’attente. Au fur à mesure que je lui parlais, je me sentais éperdument éprise d’elle. Je ne croyais pas au coup de foudre jusqu’à ce moment où je l’avais rencontrée. Non seulement elle était d’une beauté subjuguante, mais elle avait cet accueil et cette douceur qui m’extasiait.

-Je t’assure que j’aurais changé de destination si je t’avais rencontrée avant l’achat de mon ticket, lui dis-je après le moment où, devenus à fond les ballons familiers, nous avons commencé à nous tutoyer.

-Changer de destination ? fit-elle en haussant les épaules. Mais pour aller où ?

-Pour te suivre, au Bénin !

-Ah mais tu es fou ! répondit-elle en riant. Tu as déjà fait le Bénin ?

-Non.

-C’est mon pays, tu sais, et il est très beau ! Je t’aurais fait découvrir les beautés de chez moi. Oh, mais ça reste juste dans une discussion à conjectures, pour en rire, sans plus.

Une voix d’hôtesse retentit dans les baffes de la gare :

-Les passagers à destination du Bénin et de la Côte d’Ivoire sont priés de rejoindre leurs embarcations. Le départ se fera simultanément, dans dix minutes.

Mon cœur se mit à battre fort au moment où Ahouéfa et moi devions nous séparer. Dans son regard d’aurevoir, je sentis que je ne lui étais pas indifférent. Je crois que ce coup de foudre était réciproque.

-Tu aimerais que je vienne avec toi ? lui demandai-je tout brûlant.

-Ne fais pas une telle folie ! On se reverra sûrement dans une autre vie ! Allez, je t’ai trouvé très sympa. Je monte maintenant…

Ahouéfa se dirigea vers son bus en montant les escaliers. Je courus aussitôt vers le guichet et m’adressai à la caissière après avoir dégagé la file de passagers encombrants :

-Madame, remplacez-moi ce ticket par celui du Bénin, s’il vous plait. C’est urgent !

-Malheureusement nous ne faisons pas de changement de ticket.

Un jeune homme me tapota l’épaule :

-Je vous achète le ticket à 15.000 francs, si vous voulez.

Je perdais 25.000 francs avec sa proposition, mais me dépêchai de conclure ce marchandage avec lui. Puis, très vite, je me pris un titre de transport destination Bénin et courus vers le car de Ahouéfa qui sortait de la gare. Mon sac sur l’épaule, je fis des cris et des grimaces afin d’attirer l’attention du chauffeur. Le car de Cotonou s’arrêta. Je présentai mon billet au convoyeur, et autorisé à entrer, je parcourus l’allée jusqu’à trouver ma Ahouéfa dans le fond. Assise seule près d’une fenêtre, elle me regarda venir à elle, interloquée, abasourdie. Le car filait sur la route. Je pris place à côté d’elle et lui dis, de ma voix essoufflée :

-Je vais avec toi, au Bénin !…

Louis-César BANCÉ

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