Vous est-il déjà arrivé de rencontrer une go pour la première fois et aussitôt l’emmener prendre un pot ?
Je n’ai pas pour habitude d’approcher les femmes, moi. Je suis un vrai trouillard. Mais ce soir là, au dessus de ma moto roulant à 40 km/h, j’ai très vite rétrogradé ma vitesse quand mes yeux de sniper se sont braqués de loin sur une robe moulante de couleur grise. Admirez-en vous mêmes les formes à l’intérieur. C’était merveilleux de les regarder se remuer goulûment à chaque déhanchement de la jeune fille élancée. Elle marchait vite, comme si elle courait… Je contemplai longtemps sa belle silhouette, manquant de peu de me faire renverser par une voiture. Avant qu’un accident ne m’éloigne du paradis que j’avais sous les yeux, je ralentis ma mobylette à son niveau et engageai subtilement la conversation :
- Bonjour mademoiselle, j’ai pensé que je pouvais vous déposer. Vous allez où ?
La jeune fille sauta aussitôt derrière ma moto, en s’accrochant à moi, à ma grande surprise. Aussi facilement comme ça ? Paati !
Bon Dieu ! Vous ne pouvez pas savoir combien j’enviais le siège arrière de ma moto en ce moment-là ! Il devrait être très heureux de recueillir ces formes sous la robe grise… Quel bonheur !
- Merci beaucoup monsieur, me dit celle que je venais de remorquer, la voix chaude et excitée. Je dois me rendre urgemment chez ma mère, c’est à 6 kilomètres d’ici. Elle est très malade, je pars lui apporter assistance.
- Et c’est à pied que vous y alliez ?
- Vous savez bien que ce n’est pas tout le monde qui a les moyens de s’offrir une mobylette dans cette campagne…
- Oh, sachez qu’une telle beauté comme vous ne devrait pas marcher. Ce n’est pas normal. C’est inconcevable. Je vous promets de vous offrir une moto.
Compte tenu de l’urgence, je roulais rapidement en obliquant la tête pour converser avec ma belle interlocutrice. Je lui déclinai mon identité. En retour, elle me dit s’appeler Kra Catherine. Elle était dotée du genre de »cra » dont je rêvais. Vraiment, le genre de go que je voulais. Pas comme ma petite amie assez chétive qui depuis trois ans était toujours en couple avec moi. Il était temps de la remplacer, si jamais Catherine voulait de moi… Moi, je l’aimais déjà. Et croyez-moi, j’étais sérieux pour la moto que je désirais lui offrir. Je suis un homme sociable, généreux, vous savez !
Plus nous roulions, plus je me sentais aux anges de sentir la chaleur de Kra derrière moi. Je lui disais des mots doux, qu’elle appréciait bien qu’elle était préoccupée par l’état sanitaire de sa maman. Bientôt, nous aboutîmes sur un sentier qu’elle me demanda d’emprunter. C’était un endroit complètement désert, avec des broussailles autour. Nous semblions les seuls êtres vivants du lieu et c’est curieusement là que les deux pneus de ma moto crevèrent. Des clous s’y étaient enfoncés. Incroyable ! Pourquoi tant de malchance ?
Catherine descendit, toute paniquée tandis que j’étais aussi perdu, ne sachant pas que faire avec cette lourde mobylette entre les mains. Le domicile de la maman de ma nouvelle amie était encore à 3 kilomètres de là… Nous n’avions pas le choix. Je me mis à pousser la moto, et Catherine marchait à mon rythme. Si elle ne m’avait pas demandé de prendre ce raccourci, nous n’en serions pas arrivés là… Après quelques minutes de marches lourdes, la jeune fille reçut un coup de fil :
- Oui, j’arrive avec les médicaments, ça se trouve dans mon sac, je suis en route, dit-elle avant de raccrocher.
Catherine, le regard d’une fauve, marqua un arrêt et me demanda :
- À cette allure-là, nous n’y arriverons pas alors que ma mère est vraiment malade et il faut que j’y sois…
- Je suis vraiment désolé…
- De quoi as-tu besoin ?
- On n’y peut rien, ici. Ce sont les chambres à air qui ont crevé. Et des mécaniciens dans cette zone, faut même pas y rêver…
La jeune fille glissa soudain la main en dessous de sa robe et en sortit deux chambres à air, à mon grand ébahissement. Ses fesses devinrent tout d’un coup plates comme une ardoise, comme une tongue. Or elle avait mis deux pneus derrière pour faire croire qu’elle avait des formes.
- Tiens, tu peux remplacer ce qui est abîmé ? me demanda-t-elle l’air visiblement très embarrassée…
Je pris ce qu’elle me tendait, sortis une pompe de dessous le siège de ma moto, puis remplaçai les chambres à air abîmées… Quelques minutes après, la moto tenait fermement sur ses roues et nous réprîmes la route en direction du domicile de la mère de Catherine. Autant vous dire que je conduisais avec moins d’enthousiasme, et Catherine le savait. Elle me parlait sans que je ne réponde. Bientôt nous étions devant la maison de sa mère. Elle descendit du siège de la mobylette :
- Louis, tu m’accompagnes pour voir ma mère malade ? me demanda-t-elle en me regardant comme si nous nous connaissions il y a longtemps.
Et je mis un coup d’accélérateur sur ma moto en laissant derrière elle un vent fort qui faillit emporter sa robe flottante.
Louis-César BANCÉ