Mon mariage avait été organisé en grande pompe, comme si j’étais un babatchè, alors qu’il n’en était rien. En réalité y avait pas plus blessé que moi. C’est mon grand frère qui finança tout de sa poche, m’honorant grandement auprès de notre belle famille. Son implication dans l’organisation de mes noces m’avait à la fois surpris et épaté. Car longtemps, je lui avais demandé de l’aide afin de pouvoir réaliser une activité et m’en sortir sur le plan professionnel. Sébastien m’avait toujours envoyé balader, me disant de patienter, qu’il me ferait signe au moment opportun. Son signal ne venait jamais, et je perdurais dans le chômage pendant que des prétendants rôdaient autour de Aïda, ma jolie petite amie que j’aimais tant. Cette dernière n’eut de cesse de me rendre anxieux :

– Écoute Étienne, j’ai 36 ans, et je me fais vieille. Toutes mes amies avec qui j’ai grandi sont mariées et ne tiennent plus du tout le même langage avec moi. Elles se moquent de moi. Je n’en peux plus. Dix ans de relation, je crois t’avoir suffisamment attendu. Tu le sais, c’est toi que j’aime. Mais si on ne peut pas concrétiser notre amour, je serai peut-être obligée d’accepter d’autres propositions et ce sera dommage pour nos rêves. Ce n’est pas parce que Josey n’aimat pas Bijou qu’elle est partie. Elle attendait juste de lui une certification de son diplôme. Comprends-moi, je ne peux plus supporter ce statut de femme célibataire dont mon entourage se sert pour faire de moi sa risée. Je voudrais tant un mariage grandiose avec toi pour fermer le bec à toutes ces espiègles !

 Aïda ne m’avait jamais parlé de la sorte. Elle était vraiment sérieuse. Si je ne trouvais pas une solution au plus vite, elle risquait de me glisser entre les doigts. Renseignements pris chez ses parents, la constitution de la dot n’émanait pas d’un jeu d’enfant. Il fallait débourser de la bourse, une bonne fortune, à peu près 3 millions de francs, sans compter le mariage civile qui exigeait une bonne bagatelle de 5 millions si je voulais satisfaire ma fiancée qui tenait à une festivité fastueuse…

               
Voici comment je me retrouvai à implorer mon grand frère. Quand je vis qu’il était réticent, j’entrepris de le visiter accompagné de Aïda. En voyant ma copine, Sébastien eut pitié de moi et décaissa 10 millions pour mon mariage… Je fis de mon épouse la femme la plus heureuse de la terre. Il fallait voir ses yeux briller juste parce qu’elle avait la bague au doigt. Elle ne tarda pas à coucher de jumeaux, à mon grand bonheur.

Aïda s’occupait de notre foyer. Elle payait le loyer et prenait tout en charge grâce à la promotion qu’elle avait obtenue dans son lieu de travail. Quant à moi je continuais à courir comme je pouvais en espérant le changement de ma situation. Sur ce point je ne pouvais pas compter sur Sébastien, il ne m’aiderait jamais.

Puis un jour, j’eus une belle opportunité d’embauche dans une organisation internationale. Les résultats de ma visite médicale, un bilan général, m’assommèrent comme d’un coup de massue : j’appris ma stérilité… Ce n’était pas possible, diantre ! Discrètement, je fis ma petite enquête et découvris des choses horribles dans le téléphone de mon épouse. La promotion dont elle m’avait parlé dans le cadre de son boulot n’était qu’une poudre de perlimpinpin. Elle se faisait entretenir par Sébastien…

– Aïda, pourquoi tu m’as fait ça ?

   Elle n’avait pas de mot…

Pour parrainer notre mariage, mon frère lui avait demandé de lui donner un coup. Vous comprenez ? Mes neveux que je prenais pour mes enfants avaient 4 ans quand j’apprenais la nouvelle suicidaire.😥

Louis-César BANCÉ