Ce lundi 11 janvier, une femme ivoirienne s’est plainte sur Facebook, à First Mag Le Vrai, demandant aux internautes de l’aider à retrouver les tenants d’un gbaka dont elle a posté la photo de la plaque d’immatriculation. L’apprenti a boxé son mari si bien qu’il s’est retrouvé au CHU. Le chauffeur du véhicule, au moment où il prenait les passagers, a affirmé qu’il passerait par la voie de 9 kilos ( un carrefour de la Riviéra ). Cependant, il a pris un chemin contraire, ce qui a soulevé le courroux de notre couple qui s’est mis à se disputer violemment avec le chauffeur et l’apprenti. Bilan : le mari de la dame a été molesté. À l’heure actuelle il est à l’hôpital, forcé à dépenser plus que des jetons pour lesquels il s’était rebellé.
En lisant l’histoire de la dame, j’ai écrit un commentaire d’un point de vue générale, en estimant que nous nourrissons très souvent la culture de la colère, de la vendetta, et que pour ma part, jamais on ne me verrait m’en prendre à des apprentis pour des bisbilles. Nous sommes tous d’accord que les apprentis sont en majorité impolis. Quand on sait cela, il faut s’attendre à tout et savoir s’y prendre avec ces »balanceurs ». En tout cas, depuis des années que j’emprunte les gbakas, jamais je n’ai eu des histoires avec eux. Ils ont beau être mauvais, en face d’une personne qui a du caractère, ils n’auront d’autre choix que de polir leur attitude. Ce n’est jamais arrivé que je sois en conflit avec un apprenti. Mais si jamais l’un d’eux refuse de me donner ma monnaie ou s’enfuit avec, je ne me vois pas en train d’engager une bagarre. Qu’il s’en aille avec sa conscience. Même dans la situation où il ne passe pas par 9 kilos alors qu’il l’avait dit, je n’en ferai pas non plus une histoire au point d’en arriver aux mains. Je descendrais pour poursuivre mon chemin autrement. Tel est l’avis que j’ai donné concernant le cas de cette femme dont le mari a été boxé. Et une ribambelle d’internautes, au lieu de m’apporter la contradiction dans la courtoisie, a préféré me répondre avec ces commentaires du genre : »tu es un idiot », »quand on n’a rien à dire on se tait », »si pour toi les jetons n’ont pas d’importance ce n’est pas le cas pour les autres. C’est très lâche de laisser sa monnaie c’est foutaise, on te croyait plus intelligent que ça », »si tu ne peux pas aider cette femme, il faut la fermer! » etc.
Est-ce possible de s’exprimer librement sur les réseaux sociaux, donner son point de vue en fonction de ses expériences personnelles sans s’attirer la foudre d’un public abonné aux invectives et aux propos orduriers ? Ça nous coûte quoi d’échanger dans le respect des autres ? Pour avoir juste dit comment je m’y prendrais à la place du mari passager, il faut aller à l’injure au lieu de la discussion ? Pour ceux qui ont déjà pratiqué ne serait-ce qu’un art martial, ils savent que la première leçon qu’enseignent les maîtres ce n’est pas le combat physique contrairement à ce à quoi on s’attend. La première leçon est d’ordre moral, mental, et au kung fu, je me souviens que mon maître m’a dit ceci lors de mon premier cours de karaté : »la première technique de défense, c’est la fuite ». Cela m’a épaté. Quand il apparaît insensé de se battre alors qu’on a la force, fuir le champ de guerre n’est pas de la faiblesse mais de la grandeur, une technique de défense. Si tout le monde avait l’esprit wushu, il n’y aurait jamais de combat dans nos sociétés. Les addicts à la représaille ne peuvent pas comprendre la doctrice du pardon parce qu’elle est plus forte que l’unité de mesure de leur colère. Ils ont besoin de passer au purgatoire.
Ce n’est pas avec la haine et la violence comme reparti qu’on peut impacter sur les comportements déroutants des autres dont les apprentis-gbaka. Il faut être beaucoup plus subtil que cela, beaucoup plus élégant, pour arriver à faire fondre leurs cœurs
J’aimerais saluer cette minorité de personnes qui savent échanger dans la civilité, sans tomber dans la gadoue. Quant à cette majorité qui n’a que les injures comme argumentation, nous comprenons qu’il faut de tout pour constituer une société.
Louis-César BANCÉ