C’était en 2004. Il n’y avait que la musique qui comptait pour moi. Je cherchais producteur avec torche pour faire valoir mon talent de faiseur de reggae. Un moment, à la télévision, on entendait beaucoup parler de King Production, une maison de disque qui mettait énormément d’artistes en lumière. Artistes en herbe, on se demandait ce qu’il nous fallait faire pour rentrer en contact avec la prestigieuse King Production, afin d’avoir notre chance. Le DG de la structure était monsieur Benson De Gnacabi . On n’a jamais pu le voir à l’époque…

Au quartier, avec mes potes, nous entendions parler également de monsieur Claude Bassolé, grand faiseur de stars. On nous disait qu’il avait l’oreille musicale et qu’il lui suffisait juste de toucher à quelque chose pour que l’effet miracle se produisît. Renseignement pris, on m’a informé que je pouvais le trouver en Zone 4, au sein de la maison de production ShowBiz. Un matin, j’ai quitté Williamsville, à la marche, chaussé d’un « kito » aux semelles penchées, dans le but de rencontrer le grand Claude Bassolé afin de lui faire écouter ma maquette. J’avais pris le soin de fourrer précieusement mon CD de 12 titres dans mon petit sac en bandoulière. Je suis arrivé en Zone 4 en sueur en demandant aux riverains où se trouvait le site de ShowBiz…On m’a montré une villa à l’entrée de laquelle il y avait trop de protocole. Les vigiles, qui me voyaient en petit gars bizarre, m’ont demandé si j’avais rendez-vous avec monsieur Claude Bassolé. On m’a fait savoir que c’était un homme très occupé. Leur façon de me répondre, avec de la suffisance, m’a fait durcir le regard et le ton.

-Djo, je veux juste lui présenter ma maquette, leur ai-je dit. Je viens de très loin, Williamsville.

-Ça ne se passe pas comme ça, à l’improviste, m’ont-ils répondu. Il a beaucoup de travail. Il faut revenir la prochaine fois…

Je suis revenu un autre jour, mais n’ai pas pu voir le grand Claude Bassolé… Bref.

J’ai dû abandonner la musique après moult péripéties… Comme vous le savez, j’écris aujourd’hui beaucoup d’histoires, que je publie en livre papier, mais surtout en support numérique, sur les réseaux sociaux où se trouve mon meilleur public.

Octobre 2022… Après avoir posté une histoire sur la toile ainsi que sur le site de Gbich, je suis dans une rue de Yopougon, quartier Maroc, quand je reçois un coup de fil :

-Allô, c’est Louis-César Bancé ?

-Oui c’est moi. À qui ai-je l’honneur s’il vous plaît ?

-Claude Bassolé.

-Claude Bassolé ? Lequel ça. L’homme du Show Biz, producteur des artistes ?

-Oui, c’est bien moi. Je t’appelle pour te dire félicitations. Tout à l’heure je viens de lire sur la toile l’un de tes récits qui m’a beaucoup fait marrer. Je te suis beaucoup. Tu peux me compter parmi tes fans…

Est-ce qu’il savait ce que son message a produit en moi comme effet ? Est-ce qu’il savait qu’il y a dix-huit ans de cela, artiste en herbe, j’ai parcouru quinze kilomètres à la marche, pour espérer le voir et lui présenter ma maquette, lui, le premier producteur de Magic System ?🤦🏾‍♂ Ah la vie !

Deuxième ironie du sort, monsieur Benson De Gnacabi, DG de King Production, est lui aussi devenu un fan de LCB…Ces titans que je cherchais avec torche, hier, quand j’étais artiste chanteur en herbe…🙆🏾‍♀

Louis-César BANCÉ