Dans un gbaka tôt le matin. Ma voisine de gauche attire mon attention. Parce que, pendant que la plupart des passagers sont concentrés sur leurs smartphones, la jeune fille a les yeux plongés dans un livre. Je la trouve belle et séduisante dans sa posture. Et à priori, intéressante, intelligente, différente, tout simplement parce qu’elle lit un bouquin. En ces temps où les lecteurs sont en voie de disparition avec les réseaux sociaux qui continuent leur razzia, c’est quand même impressionnant, non ? Surtout, cette lecture dans un transport en commun. Amoureux des lettres, je ne peux m’empêcher de déranger ma jolie voisine :
– Je peux savoir quel livre vous lisez s’il vous plaît ? Je trouve très intéressant l’image de dévoreuse que vous reflétez.
Retirant la tête du livre dans lequel elle était noyée, ma voisine me décoche :
– J’a en tran de lire un livre sur les maquillages.
Son français crochu me fait tiquer un peu. Je jette un coup d’œil dans les pages qui siègent sur ses jambes extraverties par une munijupe : des rouges-à-lèvres, des crayons, des dessins de femmes en train de se maquiller.
Je prête attention au visage de la fille. Il est sublimement bien fardé. Le crayon noir qui arpente ses sourcils donne à ses yeux un charme irrésistible. Son fond de teint a la juste mesure. Les petites pommes rouges sur ses joues lui donnent la tronche de Blanche-Neige. Son rouge-à-lèvres violet, très accentué sur sa bouche pulpeuse, lui confère une allure d’oseuse. Elle a un beau teint noir. Il faut bien que je trouve quelque chose à lui marmonner après qu’elle m’a dévoilé la nature de son bouquin. Les mots me vinrent tout naturellement :
– Et pourquoi spécialement un livre pour les maquillages ? Seriez-vous esthéticienne ?
– Hahan, j’a suis esthétichienne. Moi fais maquillage, pédicul, manicul.
Haha ! une esthéticienne fait de la pédicure et de la manucure ! Je l’avais deviné.
Je souris à ma lectrice en comprenant que toutes les lectures font du lecteur un personnage assez original !
Voyant que j’ai sorti mon téléphone sans plus lui prêter attention, ma voisine du gbaka revient à la charge :
– Coco, toi veux ma numéro ?
Pourquoi pas ? me dis-je en regardant ses larges cuisses qui laissent imaginer un beau derrière généreux. Après tout, je pourrais bien être intéressé par son manuCUL !🤧
Louis-César BANCÉ