C’était un homme riche, qui avait réussi sa vie assez jeune. Mais il n’était pas que fortuné, il était surtout généreux. Très regardant envers les siens, il avait, à lui seul, porté sa famille sur ses épaules. Ses parents et tous ses frères et sœurs étaient à l’abri de tout besoin, grâce à lui… La générosité de cet homme riche allait jusqu’à se répercuter sur son entourage extérieur. Il aidait les nécessiteux, ne manquait pas d’empathie. Ce qui était extraordinaire avec cet homme, c’était son humilité démesurée et ce sourire qui ne le quittait jamais. Il marchait avec les pauvres en se fondant dans leur moule, comme s’ils étaient issus du même prolétariat. Il se comportait avec ses subordonnés comme s’ils étaient identiques. Partout, on parlait de sa force de caractère. Qui était cet homme qui ne disait jamais de médisance des autres et qui ne reprochait jamais rien aux ingrats, ces quelques gens malicieux qui ont sollicité, pleurnichards, son concours pour se faire une petite place dans la société ?
Un jour, quelqu’un demanda à notre homme quel était le secret de sa bonté et de son incommensurable modestie. Il sourit, et répondit :
- «Très peu de personnes, quand elles s’habillent et se regardent dans un miroir, ont la capacité de voir au-delà de leurs beaux vêtements. Quand elles se mirent, elles se trouvent toujours magnifiques et bien habillées. Elles ne voient plus rien d’autre. Moi, quand je me regarde tous les matins dans un miroir, je vois ma vraie nature derrière mes habits, derrière mon corps. Je vois un squelette, un bloc d’ossements sans vie. Je me vois ainsi, et je baisse la tête. Oui, je baisse la tête devant mon miroir. Je comprends que je ne suis rien et qu’il faut que je donne aux autres ce qu’il y a de plus divin en moi…»
Louis-César BANCÉ