Vendeur d’accessoires de portables de profession, domicilié à Yopougon Koweit, père de cinq enfants, Dosso Lassina est par ailleurs un cambrioleur de véhicules professionnel détenant à son actif plusieurs trousseaux de fausses clés. Beaucoup de jours pour le voleur, un seul jour pour le propriétaire.
Le 17 Décembre 2020, Dosso a soustrait des accessoires d’un véhicule dont un poste auto. Malheureusement pour lui il a été interpellé avec son butin par des riverains, et après une fouille minutieuse, la police a découvert qu’il était en possession de cannabis en vue de l’usage.
- Vous consommez de la drogue ? lui a demandé la juge au tribunal où il est passé en jugement le lundi 28 Décembre.
- Je ne consomme pas de drogue, je bois plutôt de la bière, a répondu le prévenu.
- Pourtant vous avez été pris avec une boulette de cannabis au moment où vous voliez les accessoires du véhicule…
Le procureur explique que lors de sa déposition, le prévenu a reconnu les faits de possession de cannabis en vue de la consommation, la police ayant trouvé de la drogue dans son sac. À présent devant le parquet, il veut faire diversion. Mais pas pour longtemps. Il finit par craquer en demandant l’indulgence du jury :
- Libérez-moi s’il vous plaît, clame-t-il. Si vous me libérez je vais aller directement au village ! Je jure que j’irai au village !
- Tu vas aller au village, et tes enfants, qui va s’en occuper ?
- Je pourrai m’occuper d’eux à distance…Je vous jure que si vous me libérez, vous ne me verrez plus jamais à Abidjan. La prochaine fois si vous me voyez, condamnez-moi !
Le procureur a demandé la condamnation de Dosso à 10 ans de prison. En entendant dix ans, il a réagi avec une grosse frayeur. La juge l’a déclaré coupable pour les deux faits d’accusation en lui donnant 18 mois d’emprisonnement, 200.000 francs d’amende, 3 ans d’interdiction de paraître.
- Quand vous sortez dans 18 mois, allez vous occuper directement de vos enfants pour ne pas qu’ils deviennent des microbes ! a conseillé la magistrate au nouvel élu de la MACA pendant qu’il quittait le parquet, soulagé d’avoir échappé à la décennie d’incarcération suggérée par le procureur. Dix-huit mois, c’est bon à prendre que dix ans. Ouf !
Louis-César BANCÉ