Mon grand frère Consti Constant Bance est arrivé à Abidjan, pour ses vacances. Pour lui faire plaisir, je l’ai emmené dans un restaurant de Cocody où nous avons été manger des plats somptueux, à un prix dispendieux. La restauration nous y a coûté environ 20.000 francs. J’ai demandé à mon frère ce qu’il pensait du service, mais il n’a pas daigné me répondre. Son silence était sûrement un aveu de sa grande satisfaction.
Aujourd’hui, alors que nous sommes à Adjamé et que la faim nous interpelle en plein midi, nous souhaitons aller nous restaurer. Je propose à mon frère de nous rendre à Cocody, là où, je pense, on trouve les restaurants les plus qualitatifs. Mais quand Consti voit un coin bizarre tenu par une matrone dans les encablures de Mirador, il me propose de nous y introduire :
– «Djo, on va rentrer ici pour daba.»
– «Comment ça, grand-frère. Ce restau ne ressemble à rien ! Une cabane comme ça ? Il faut qu’on aille dans un endroit plus classe. »
– «Non César, restons ici…»
À la volonté de Consti, nous entrons dans le restaurant en bois où la tenancière nous sert à chacun du riz accompagné de sauce aubergine. Elle nous fait le plat à 500 francs seulement. Avec 1000 francs, nous sommes tous les deux rassasiés. La dernière fois à Cocody, c’est la même sauce que nous avons dégustée mais en déboursant vingt fois plus. Dans la cabane d’Adjamé, mon frère n’attend même pas que je lui demande qu’il me donne ses impressions :
– «Petit frère, je n’ai jamais rien mangé d’aussi bon ! Sauce aubergine-là est doux dèh ! La dernière fois à Cocody, dans le restaurant huppé, on a dépensé une fortune sans que je ne sois vraiment satisfait. À moins que tu aies apprécié le service ?»
– «J’avoue que ce qu’on vient de manger à l’instant est vingt fois plus doux !»
– «Tu vois petit frère, souvent, c’est dans les faux coins qu’on trouve les vrais trucs, et parfois à des prix cadeaux !😉»
– «Oui grand frère, tu as raison, souvent, c’est dans les faux quartiers qu’on trouve les vraies gos ! Innocentes, simples, avec de vrais KRAS, et pas du tout dépensières !»
Louis-César BANCÉ