Je suis arrivé à Jacqueville, dans la soirée d’hier, avec les membres du bureau du Centre de formation Aristide Bancé. Reçu par les autorités coutumières, nous avons été logés dans un hôtel, en bordure de mer. Vers 22 heures, un notable du village est venu taper à ma porte, accompagné d’une jeune fille aux courbes similaires à celles de Carmen Sama :

-Toc toc toc !

Aussitôt que j’ai ouvert la porte, le notable s’est mis à évoquer les raisons de sa visite :

-Monsieur Louis, nous observons que vous êtes venu seul et comptez passer la nuit en solitaire. Ici, nous avons une tradition. Nous n’admettons pas que les étrangers, de passage, aient une nuit morte, surtout qu’il fait très froid dans notre village, à cause de la mer. Aussi avons-nous trouvé impératif de vous envoyer une fille du village qui vous permettra de passer un moment moins ennuyeux. Elle s’appelle Dohoun, et rendra votre séjour inoubliable. Comment la trouvez-vous ?

Je trouvais Dohoun très jolie. Ce que je jugeais laid par contre, c’était cette manière qu’avait le notable d’objetiser la femme en s’arc-boutant sur des arguments traditionnels. Je dus décliner son offre :

-Monsieur le notable, j’apprends avec vous que cette tradition datant de Mathusalem et consistant à offrir une femme à un étranger pour une nuit, existe encore de nos jours. J’en suis choqué. Avec tout le respect que je vous dois, pourriez-vous transmettre à la royauté que cette pratique tendant à chosifier la femme devrait être bannie de vos consiétudes ? Dohoun est belle, mais je ne pourrais l’accepter sous mes draps. Elle vaut plus que ça !…

Après mon improbation, le notable, désappointé, s’en est allé sans rien dire, avec une Dohoun frustrée dont le regard semblait plein de désir pour moi. Elle marchait de sorte à faire remuer goulûment ses deux parachutes, intentionnellement pour me faire regretter de ne l’avoir pas acceptée comme femme d’une nuit…

Louis-César BANCÉ