Je ne sais plus combien de temps ai-je couru après Prisca. Deux ans, peut-être trois. Elle n’a jamais voulu de mon amour. Mais je la voulais tellement que je n’ai rien lâché, persévérant dans mes approches en la comblant de cadeaux et de poésies. Puis, ce 10 Février, alors que je la raccompagnais chez elle après un rendez-vous galant, elle m’a embrassé sur le sentier, dans l’obscurité. Quand je dis embrasser, je parle d’un vrai baiser, sur la bouche. Ce fut magique, ensorcelant, envoûtant. Je n’avais jamais rien goûté d’aussi savoureux que ses lèvres. Je crois que le pacte de notre amour venait d’être scellé ainsi. Et j’en voulais plus. Je rêvais de déguster Prisca, ses formes, ses senteurs, sa sensualité, son sex-appeal. Les baisers se multiplièrent entre nous. Ça y est ! Le premier ne fut pas une erreur ni un accident. Elle savait vraiment ce qu’elle faisait. Je hâtais de la découvrir…
– Ne t’en fais pas, chéri, me rassurait-elle. Le 14 Février je serai à toi. Je passerai la nuit chez toi, à domicile, et je serai à toi, toute entière !
– Tu es vraiment sûre ?
– Je n’ai qu’une parole. On le fera pour la première fois le jour de la Saint-Valentin. Tu ne trouves pas cela romantique ? Puisque c’est un jour spécial.
Si si. Très romantique. Je décorai ma chambre en écrivant PRISCA sur mon mur avec un rouleau de papier rose et de la colle forte. J’achetai de nouveaux draps pour changer ceux que j’utilisais depuis quatre ans.
Le 14 Février ma dulcinée m’appela le matin, me demandant de lui faire un dépôt d’argent. Elle avait besoin de s’acheter une nouvelle robe et d’autres choses pour se rendre belle pour moi. Je lui transférai 100.000 francs, quasiment tout ce que j’avais. Une telle beauté le méritait. Il fallait qu’elle sache que je suis prêt pour elle.
– Merci chéri, j’ai reçu l’argent. Je passe te voir à 21 heures, le temps de me rendre belle. J’espère que tu sauras me satisfaire car je suis très gourmande. On le fera jusqu’au matin. Okay ?
– Okay okay okay mille fois okay !
À l’approche de l’heure du rendez-vous, j’allumai les deux bougies sur la petite table de ma chambre, symbolisant les cœurs de Prisca et moi brûlant d’amour l’un pour l’autre. Les nouveaux draps étaient confortablement installés, attendant d’être inaugurés. Je bus de l’atoté, du viagra et bien d’autres produits de décoction, de sorte que j’étais bien dur, comme une brique. Cependant, à 21 heures passées, ma bien-aimée n’était pas encore arrivée. Quand je l’appelai elle me rassura qu’elle était en route. Rien qu’en l’imaginant dans mes bras je voguais dans un bonheur indescriptible. Vingt deux heures, 23 heures, pas de Prisca. À minuit son numéro ne passait plus et j’eus l’impression de devenir fou à cet instant. Je lançais nerveusement l’appel, toutes les secondes. Et le serveur d’indiquer à chaque essai : »votre correspondant ne peut être joint ». Jusqu’à 2 heures du mat’ ce fut ainsi. Je dus me faire à l’évidence que j’avais été doublé.
Désespéré, j’écrivis un statut sur Facebook car tout ce dont j’avais besoin en ce moment précis, c’était d’une compagne d’une nuit pour un »décoaali » urgent, un dépannage
: »Baisoin d’une cavalière pour la Saint-Valentin, éhé Dieu.😭 »
Une amie virtuelle me répondit favorablement inbox. Elle s’étonna de mon célibat et m’avoua avoir été toujours amoureuse de moi. Je lui déclarai que moi aussi j’ai toujours été sournoisement épris d’elle et qu’une surprise l’attendait chez moi. Elle descendit à ma porte vers 3 heures du matin. Une fois dans ma chambre elle coula des larmes :
– Tu m’aimais à ce point ? À quel moment as-tu inscrit mon nom sur ton mur ? Je n’ai jamais rien vu d’aussi adorable. Oh que je suis touchée !
– J’ai écrit ton nom dès que j’ai vu ton profil sur Facebook, il y a plusieurs années. Je suis tombé admiratif. Coup de foudre facebookale. À cause de ma timidité je n’ai pu te parler…
Eh bien, ma correspondante s’appelait aussi Prisca et n’était pas moins belle que ma »doubleuze ». Elle était conquise. Je l’ai marplôrh jusqu’au matin du 15 Février et nous sommes restés ensemble, sans jamais nous séparer…
Quelques jours après, en lisant un commentaire de Prisca ma doubleuse sur les réseaux sociaux, je sus, à travers son témoignage de la Saint-Valentin, qu’elle avait utilisé mon argent pour offrir un cadeau à son amant ainsi qu’une nuit érotique dans un hôtel 5 étoiles…
Louis-César BANCÉ
Audi TT99
Le roi de l’imagination