Main dans la main, Alassane et Laurent marchent vers le salon d’honneur de la présidence. Ils s’y installent, sur le même fauteuil rouge, en commençant à bavarder en toute convivialité :
- «Je suis content de te voir Laurent, akwaba chez toi ! affirme le locataire du Plateau à son hôte. »
- «Merci Alassane. Mais, tu sais que j’arrive et tu n’as pas mis la même chemise que moi ? N’est-ce pas que nous avons la même chemise blanche ayant le même motif. Ça aurait été très symbolique et les ivoiriens en auraient rigolé. Depuis que je suis là, je les entends. Ils disent Gbagbo ne change pas de chemise alors que j’en ai une centaine du même genre dans mon placard. Ils sont fous !»
- «Mon frère, qu’ils croient que tu bisses la chemise, c’est à ton avantage, comme ça ils vont penser que tu n’as pas l’argent. Tu connais nos frères avec leur racket-là. »
- «Oh non, moi j’aime partager quand j’en ai. Et, justement, qu’en est-il de mes indemnités présidentielles. L’État doit me verser plusieurs milliards hein !»
- «T’inquiète Laurent, tu auras tes sous. On va gérer ça. Mais dis-moi, pourquoi tu n’es pas venu avec elle ?»
- «Elle ?» Et Alassane de murmurer dans l’oreille de Laurent : « Je parle de ta petite femme. »
Aussitôt Laurent Gbagbo se met à rire à gorge déployée. Avec Alassane, ils rient tous les deux dans une même gestuelle sans que leurs délégations présentes ne sachent ce qui a été chuchoté et qui a entraîné leurs fous rires.
Louis-César BANCÉ