Shella et son époux découvrent pour la première fois un pays d’Afrique. Ils sont mariés depuis vingt cinq ans. À la faveur de leurs vacances, le couple anglais originaire de Birmingham, a choisi de visiter la Gambie. Ils séjournent à l’hôtel LCB situé dans les encablures de la plage Ali Baba, un espace où une multitude de jeunes gambiens viennent se pavaner.

Par un week-end ensoleillé, main dans la main, nos deux touristes européens marchent au bord de la mer. Shella est une femme de 45 ans, blonde, svelte et belle. Son mari Tobby, lui, en a 68 et traîne une bedaine par devant lui. Sur le sable, dans son caleçon flottant, il a l’air d’un gros bouffon ou encore d’un cochon rempli de graisse.
       
Soudain, pendant que le couple bavarde, un jeune africain, torse nu et forêt de dreads sur la tête, les accoste, leur présentant ses petites bouteilles d’huile :

-Bonjour, et bienvenue en République de Gambie ! C’est votre première fois dans ce pays ? Il m’en a bien l’air. Je me présente, je suis Ibrahim, et j’offre mes services de massage. J’ai cinq huiles dont l’application sur le corps produit des effets différents, les uns plus merveilleux que les autres…

Ibrahim et les deux toubabous échangent. Il leur explique les vertus de ses huiles, et ils l’écoutent avec beaucoup d’intérêt, tous fascinés. L’autochtone a vu juste lorsqu’il a déduit que le couple anglais est à son premier voyage en terre gambienne. Un devin ? Il sait sûrement lire derrière le comportement des étrangers.

Tobby n’aime pas l’idée du massage proposée par le beau jeune homme robuste à la sculpture quadrillée de tablettes de chocolat. Toutefois, il en fait une plaisanterie :

-Alors Ibrahim, tu peux aussi masser mon gros ventre afin que ça prenne la plateur du tien ?

Shella jette un regard éclair sur le torse d’Ibrahim. Puis, les yeux tournés vers celui de son mari :

-Non chéri, ne lui demande pas de toucher ta baleine, quand même ! C’est mon petit bijou, ma propriété privée. Par contre, après ce long voyage périlleux, j’aimerais bien un massage, moi. J’ai des douleurs partout, et je crois que ça va me relaxer. Un massage exotique avec des huiles et des bras d’Afrique, je voudrais bien savoir à quoi ça répond…

Shella veut se faire masser. Tobby n’y trouve pas d’inconvénient.

-Et où vous le faites, votre travail ? s’enquiert le couple. Ici, sur le sable ?

Le gambien indexe un bungalow vers les cocotiers :

-Là-bas. J’ai un lit médicalisé…

Shella se dirige avec l’africain vers les cocotiers en demandant à son mari de l’attendre sur la plage.
***
La blanche est couchée sur un lit où le bailleur de la cabane a installé un drap propre. Elle sent les bras valides du jeune homme skier le long de son dos nu. Ça lui fait grand bien.

-Ça fait combien de temps tu fais ce métier ?

-Euh, on va dire depuis que j’ai 17 ans…

-Et tu as quel âge maintenant ?

-J’en ai 28. Et vous, c’est votre première fois en Gambie, comme je le suggérais ?

-Tout à fait.

Ibrahim rapproche les mains vers le globe fessier rebondi de l’anglaise. Il lui pince les hanches.

-Oh, que ça fait du bien ! soupire la cliente. Sacré professionnel !

-C’est à vous de choisir, propose le masseur d’une voix sensuelle. Je peux enlever le string pour être mieux au contact des fesses ?

-Vas-y !

Le jeune gambien fait descendre le caleçon rouge et étroit de sa cliente. Doucement, il lui malaxe les fesses enduites d’huile. La dame soupire. Ibrahim est aux aguets :

-Vous êtes une très belle femme, lui dit-il de sa voix virile. Depuis que j’exerce ici, je n’ai jamais trouvé un corps aussi beau, aussi magnifique que le vôtre !

-Oh, déjà que le soleil d’ici m’a rendue rouge, tu risques de me faire cuire avec tes compliments.

-Je vous assure que je n’invente rien. Vous êtes sublime !

-Dis, tu as déjà eu une expérience avec une femme Blanche ? Elles viennent nombreuses sur votre plage…

-Non, fait timidement l’autochtone d’un air qui dissimule mal sa supercherie, je n’ai jamais eu d’aventure avec une femme Blanche. Mais vous savez, je vous trouve tellement belle ! Vous êtes la plus jolie des créatures qu’il m’a été donné de voir sur cette plage…

Shella se retourne, se mettant de dos en deux mouvements. Elle regarde la face d’Ibrahim, ce visage candide qui l’a sidérée dès les premiers instants sur le sable avec son teint noir pur et son buste à la Tyson Beckford. Le gambien respire la jeunesse et la vigueur. Tout de suite, les deux races se parlent dans un langage muet. Leur regard, l’un pour l’autre, exprime tout. Ce silence qui les interpelle. La blanche essaie de se rassurer en scrutant les alentours de la plage à partir des fentes de la muraille en bambou. Le noir devine ses inquiétudes et se prononce :

-C’est vrai qu’il y a de petits espaces entre les bambous, mais c’est impossible de voir de dehors ce qui se passe ici.

Shella se lève et s’approche de l’entrée du bungalow, mettant l’œil dans un trou au milieu des feuilles de rameaux qui entoure les bois : le cochon est en train de jouer au ballon sur la plage avec son gros ventre…

Quand elle se retourne, Ibrahim la soulève dans ses bras solides tout en la prévenant, alors que dans sa culotte la marée est abondamment haute : « Chut… Surtout ne crie pas quand je vais te baiser ! »🤧

Louis-César BANCÉ
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LA TERRE PROMISE (2)

Le même soir, vers 23 heures, dans leur chambre d’hôtel, Tobby et Shella sont dans leur lit exquis. L’homme a les bras enlacés sur les épaules de sa femme. Couchée de profil, celle-ci lui a offert le dos. La bedaine a l’impression que sa blonde est ailleurs :

-Tu es là chérie ?

-Oui Tobby, je suis là…

-C’est bizarre. Pourquoi tu m’appelles par mon prénom ? En vingt cinq ans de mariage, c’est la première fois…

Heurté au silence de son épouse, Tobby commence à ôter malgré tout le pijama qu’elle s’est mis. L’air frais de la mer arrive jusqu’à eux et ça lui donne une envie irrésistible de faire l’amour. L’homme se met à parcourir le corps de sa femme avec son fin museau. Elle ne lui résiste pas quand il envoie cette bouche mastiquer la sienne…

Tobby se place finalement au dessus de sa femme avec son gros ventre. Puis sans salamalec, il s’introduit en elle. Mais tout d’un coup, il devient blême. Il a une mauvaise sensation, une mauvaise intuition. C’est la première fois qu’il flotte dans l »’univers » de son épouse :

-Chérie, quelqu’un est-il passé par là ? As-tu permis à un autre de RENTRER ?

-Tobby, désolée. Quand tu vas RENTRER en Angleterre, ce sera sans moi. Je vais rester définitivement en Gambie. C’est ici que j’ai trouvé la plénitude et ma terre promise !

Louis-César BANCÉ

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