Dans le milieu du coupé décalé, l’artiste Serge Beynaud est celui qui a le plus réussi à créér une synergie entre son public et lui. Par son style de communication folâtre, le chanteur n’a pas besoin de grands moyens pour imposer une chanson. Pas besoin de sortir des millions pour négocier des diffusions radiophoniques ou télévisuelles. Beynaud se fait acteur, utilisant intelligemment les tribunes des réseaux sociaux pour viraliser ses chansons. Ses capsules se propagent comme lettre à la poste. On s’en divertit de même que ses mélodies et ses concepts nous restent à l’esprit. Il n’y a plus rien à déployer comme effort : les médias se rallient et jouent du Beynaud sans qu’il ne leur donne un kopeck. Le public est roi, et on lui sert ce qu’il aime. C’est cela, le paradigme du showbiz.
Serge a ce secret culinaire qui plaît au goûter. On consomme avec beaucoup d’appétit des titres tels que « C’est dosé », 21 millions de vues sur YouTube en seulement 7 mois ! Le tube est un rythme fait de blocage au refrain avec un ballet fessier amusant. « Statut visé », un coupé décalé plus sobre et plus pudique a également été adopté par les mélomanes. Glanant un peu plus de 4 millions de vues sur YouTube en 4 mois, il lui a peut-être manqué un ballet fessu pour connaître la même explosion que « C’est dosé ».
Similaire pour « Zangoulé » et « Babatchê » et bien d’autres chansons sobres qui, en plusieurs années, n’ont pas bénéficié du succès de l’hymne aux fesses.
Dès lors, au regard de ses expériences et en grand stratège, Beynaud a cerné ce qui plaît au grand public. Ce public qui aime bien les fantaisies autour du cra. Certains veulent donner des leçons à l’artiste en lui parlant de pudeur. Mais qui sont ceux qui font monter ses scores en termes de vues ? Il y en a qui se cachent pour écouter et danser, manifestement.
On ne va pas au kiosque pour chercher à manger du placali. Serge Beynaud connait ses clients, et ses clients le connaissent. Bon Diallo, il sait leur concocter du spaghetti bien pimenté qu’ils aiment. À peine préconisé, « Mokôdô », son nouveau plat, djafoule. Couï !
Écoutez, le succès de ce pays repose sur l’Agriculture, nous dit-on. De même, le succès de Carmen Sama repose sur son potentiel fessier. Celui d’Eudoxie Yao aussi. Les fesses ne sauraient être un produit moins valorisant que le café et le cacao. Serge le sait.
Beynaud est tout simplement un artiste à l’image des folies déclarées et mesquines du public ! On est exportateur du café, cacao, mais aussi de grands consommateurs de… Couï !
Louis-César BANCÉ