Tu vis dans une cour commune et tu as un voisin très kpakpato, le genre qui met sa bouche dans tout, souffle sur les braises et fait comme s’il n’y est pour rien. À force de faire de la médisance qu’il n’assume pas, de profil, il ressemble un peu à une souris: longue bouche, grandes oreilles. Il capte tout autour de lui et répand ce qu’il entend aussi perfidement, sachant pertinemment ce que cela va provoquer comme déflagration mais il s’en fout et quand vient le moment d’assumer, il se débine toujours, niant avoir dit ceci ou cela.
Par sa faute, des voisins ne se parlent plus car la cour est devenue un véritable champ de bataille mais évidemment, il ne se reproche rien et nie être coupable de quoi que ce soit.
Un locataire a été vidé car il est allé baver sur lui chez le propriétaire en attisant le feu pour des arriérés de loyer, après s’être rapproché du gars, pour avoir des confidences de sa part pour ensuite les utiliser contre lui.
Bref, toi, tu as décidé d’être le sage de la cour, totalement différent de lui et de plutôt prôner le rassemblement car tu vois dans son jeu. Porté sur la spiritualité, tu n’aimes pas les conflits et œuvres pour la cohésion et la paix. Dans ce sens, tu as commencé à réunir les habitants de la cour pour prôner l’union et même sous ta houlette, pendant les fêtes, chacun cotise et les femmes mettent ensemble pour cuisiner pour tout le monde.
Du coup, les voisins qui ne se parlaient pas, ont renoué le dialogue et l’ambiance a commencé à s’améliorer dans la cour. Se voyant démasqué, l’hypocrite qui participe à tes initiatives malgré lui, a tenté par deux fois de te piéger mais habilement, tel un grand escrimeur, tu as esquivé.
Une nuit donc, vers 4h du matin, alors qu’il pleut très fort et qu’il fait sombre dans la cour, tu sors discrètement de chez toi pour t’asseoir devant ta porte dans l’obscurité, la lumière de la devanture étant éteinte. Tu prends de l’air. Subitement, tu entends un frôlement et ton regard part aussitôt dans la direction d’où ça vient. Tu as la surprise de voir le fameux voisin sortir en débardeur et culotte de la maison de l’un des habitants de la cour qui fait la nuit souvent pour raison professionnelle. Et le comble, c’est que tu vois la femme du mec en question sortir la tête dans l’entrebâillement de la porte et faire la bise rapidement sur les lèvres du voisin qui rentre chez lui en faisant « alonga », c’est à dire de sorte à ne pas faire de bruit, en avançant pas à pas. Tu sais que sa femme est partie en voyage le matin même. Du coup, tu comprends que le voisin kpakpato sort avec la femme de ce gentil voisin plus calme, accommodant qui t’appelle « tonton » et qui voue un culte pas possible à sa femme. Pour lui, tout se limite à elle. Quand il parle c’est » ma femme, ma femme. » Il l’aime tellement…
En toute honnêteté, suite à cette découverte, tu fais quoi sachant que tu tiens une preuve qui peut vous débarrasser d’un homme nocif de la cour?