Trois mariages d’affilée avec mes compatriotes européennes m’ont déçu, me conduisant à un triplet de divorce. Les Blanches, elles sont si capricieuses, et pour peu, menacent d’appeler la Police pour me jeter hors de notre maison. J’ai entendu dire que c’est en Afrique que je pourrais avoir une femme spéciale, belle, soumise, patiente, respectueuse.
Un matin, je débarquai à Abidjan. C’était fabuleux comme les Africains pouvaient être tant émerveillés devant la couleur de ma peau. Il me suffisait de claquer les doigts pour que les filles se jetassent dans mon lit ! Je les possédais assez facilement, parce que tout simplement, je suis un blanc. Finalement, c’est Aya que je décidai d’épouser. Et pour cause, en plus d’être belle, elle ne bronchait jamais quand j’élevais le ton, quand j’avais la tête près du bonnet. Elle faisait tout mon ménage avec une passion hors du commun; de quoi économiser en France avec les servantes qui coûtaient 20 euros l’heure. Quand j’entrais dans mon appartement d’Abidjan d’où elle m’attendait quelques fois, elle fut la seule qui me lavait les pieds dans un seau. Superbe, mon africaine ! Je pouvais la gifler, elle se taisait. Aya, une femme parfaite, exceptionnelle et incroyable ! Elle avait réussi au test comportemental. Je l’embarquai pour Paris où nous nous mariâmes.
Vivant dans notre appartement dans un immeuble du 27ème, Aya se mit à fréquenter la voisine, une noire qui avait la langue trop pendante. Aya était souvent chez elle, et vice-versa. Je reprochai à ma femme sa fréquentation, mais elle s’obstina. Quand j’élevai le ton un jour à la maison pour lui exprimer mon mécontentement, pour la première fois depuis que je l’avais connue, elle répliqua en me hurlant dessus sur un ton curieusement très français :
-Tu vas la boucler ? On n’est pas en Afrique ici, on est en France, okay ? Et tu attends quoi depuis pour te prendre une fille de ménage, d’ailleurs ? Tu crois que je vais faire la boniche dans mon foyer ? Rêve pas là ! Tu veux m’empêcher de connaître mes droits ? Eh bah, trop tard ! La voisine m’a déjà mise au parfum. Et même sans elle, je t’observais au pays, en savante, en sachante. Si je ne disais rien et me jouais aux ignares, c’est parce qu’il me fallait venir ici d’abord et avoir ma place. Et à présent, si tu me fous les boules, J’APPELLE LA POLICE ! Tu dis un mot de plus, je mets tes bagages dehors !
Mes blanches avaient fait au moins cinq ans de vie conjugale avec moi avant d’avoir cette fameuse phrase à la bouche : «J’APPELLE LA POLICE». Aya, l’africaine de mes espoirs, n’avait fait quant à elle que cinq jours ! Cinq jours chers amis, cinq. En plus, à ce « j’appelle la police », elle avait pris le soin d’ajouter la phrase préférée de ces cinglées : » Je mets tes bagages dehors ! »😥
Louis-César BANCÉ
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